« SOYEZ parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48)

Je vous pose une question :

« Qui souhaite que son conjoint soit parfait ? »

(si vous ne le souhaitez pas, peut-être aimez ses défauts ; à moins que ses imperfections vous aide à accepter les vôtres… !)

Car vous-même, êtes-vous parfait ? Vous me répondrez très certainement que non (ne serait-ce pas un peu prétentieux de répondre « oui » ?).

Et pourtant, Jésus nous interpelle et nous enjoint à être parfait ; et qui plus est comme Dieu ! 

La nouvelle traduction liturgique de la Bible a mis le verbe au futur : « Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Cela nous donne un délai, mais l’objectif reste le même : être parfait comme Dieu !

La première réaction serait de dire : « Impossible ! », et de renoncer à écouter ce que Jésus veut nous dire. Et ce serait dommage car quand Jésus s’adresse à nous, c’est pour que nous soyons plus heureux avec les personnes qui nous entourent : en premier lieu avec notre conjoint, notre famille.

Pourquoi avons-nous une telle réaction ?

Qu’est-ce que Jésus veut dire ?

Et comment mettre cette parole de Jésus en pratique.

Ce sont les 3 points que je voudrais aborder avec vous.

1 Dans notre société, le sens courant de la perfection est celle du « sans défaut », « sans tâches ».

Elle peut être aussi comprise comme celle de type Superman : la force, l’absence de faiblesse, le courage absolu… C’est ce que nous avons reçu, entre Jésus et nos jours, l’influence de toute une série de philosophes des Lumières sur le sujet ; comme Emmanuel Kant, par exemple, qui disait que « la norme de la perfection morale doit être stricte et exacte, comme les règles géométriques »[1]

Vivant avec son temps, l’église a aussi codifié depuis longtemps, petit à petit, la norme de la perfection morale. A tel point qu’il est possible que certains, dans l’église, aient inversé la charrue et les bœufs. C’est-à-dire exigé de suivre un code de normes morales pour suivre Jésus ; au lieu de suivre Jésus, aimer sa compagnie, se laisser habiter par lui et, par la suite, en conséquence, mettre ma vie dans la logique pratique de mon désir intérieur de marcher avec lui en Présence de Dieu.

2 Qu’a voulu dire Jésus si la perfection n’est pas une accumulation d’observances d’un code moral ?

Jésus, voulant notre bonheur, nous dit : « vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait ». L’évangéliste Mathieu qui nous rapporte ces paroles de Jésus nous écrit en grec, et non en français. 

  • Le mot grec traduit par « parfait » est le mot

τέλειος (teleios)

qui veut dire accomplissement, finalité, but recherché, et non suivre un code de conduite. 

  • Par ailleurs, le mot « comme » (« comme » votre Père céleste est parfait) ne veut pas dire semblable. Nous ne serons jamais semblables à Dieu. Et en être conscients nous remet à notre place. Nous ne sommes pas des dieux. « Comme » ici veut dire : « selon ».

Il s’agit de vivre selon la logique d’amour de Dieu.

Cette logique d’amour et de bonheur de Dieu à mettre en pratique, Jésus nous la présente justement dans les paragraphes précédents.

3 Il s’agit de dépasser l’interprétation restrictive de la loi pour transformer notre cœur : ne pas tuer jusqu’à ne pas se fâcher ; et si je me fâche, aller me réconcilier.

Ne pas commettre d’adultère jusqu’à ne pas regarder une femme [un homme, pour vous mesdames] avec convoitise.  Il s’agit de se séparer de ce qui nous entraîne à ne pas aimer notre prochain. Et notre plus proche prochain, n’est-ce pas notre conjoint ? nos enfants ?  Qu’est-ce qui m’entraîne à ne pas aimer assez mon conjoint. Et si je demandais à mon conjoint comment je pourrais être un meilleur époux pour elle, une meilleure épouse pour lui[2] ? Comment pourrais-je davantage écouter ses sentiments ? Mieux écouter et répondre à ses besoins ?

Quelques paragraphes plus haut encore, Jésus nous dit dans les Béatitudes qu’il s’agit d’être pauvres de cœur

« la pauvreté de cœur est sobriété, capacité à goûter à l’essentiel »,

dit le pape François[3].

Il s’agit d’être doux (qui ne veut pas dire « naïfs »), d’être miséricordieux, d’avoir un cœur pur, d’être artisans de paix … 

Transformer notre cœur dans cette logique d’amour prend du temps. Et si j’ai besoin de temps pour aller vers la perfection, mon conjoint et mes enfants n’ont-ils pas eux aussi besoin de temps ? Ils sont, comme moi, des êtres en cheminement. 

Jean-François Frys


[1] E. Kant, Leçons d’éthique, La morale

[2] Lire la très intéressante expérience de Gary Chapman (l’auteur des 5 langages de l’amour) dans son livre Couple et complices, Editions Farel, 2015 (p34-36)

[3] https://fr.zenit.org/2017/01/29/sil-y-avait-plus-de-pauvres-de-coeurs-il-y-aurait-moins-de-divisions-dans-les-communautes/

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